Deux cerveaux valent mieux qu’un
À l’heure de la numérisation et de l’automatisation, la recherche-développement menée chez les constructeurs d’équipements miniers peut être difficile à comprendre. Paseka Leeuw et Erhan Uludag, chargés de cours à la Wits School of Mining Engineering à Johannesburg, en Afrique du Sud, livrent à Solid Ground leurs réflexions sur ce qui stimule la R et D dans le paysage minier contemporain.
À votre avis, qu’est-ce qui stimule le plus le développement?
PL : Le renforcement de la sécurité et le besoin de maîtriser ou de réduire les coûts face à la baisse de la qualité du minerai. La combinaison de ces deux facteurs assure la pérennité dans le temps de l’activité minière.
EU : Les visionnaires et les passionnés au sein des entreprises sont les principaux moteurs de développement. L’industrie minière a toujours rencontré des obstacles techniques. Ce sont les gens qui permettent de les surmonter ou non.
Qu’est-ce qui stimule la r et d chez les équipementiers en ce moment?
PL : En Afrique du Sud, en particulier dans le secteur de l’exploitation des gisements stratiformes étroits, on se concentre sur la mécanisation. Ce secteur est caractérisé par les conditions d’exploitation difficiles rencontrées chaque jour par les mineurs, principalement en raison de conditions géologiques et géotechniques défavorables et de la chaleur croissante résultant de la profondeur accrue des zones d’extraction. Dans d’autres secteurs de l’exploitation minière, on devrait continuer à se concentrer sur l’autonomisation et passer, après le marinage, à un processus plus complexe du cycle, à savoir le chargement. Cela vaut tant pour les mines souterraines que pour les sites à ciel ouvert.
Quelle proportion de la r et d est stimulée par la demande des clients?
EU : Le client rencontre des difficultés là où il travaille. L’attention du constructeur est donc toujours tournée vers ces difficultés-là. Les produits doivent pouvoir fonctionner dans ces conditions, être sûrs et apporter quelque chose à l’activité sur le plan financier. La demande des clients est le principal moteur même si parfois ceux-ci peuvent ne pas voir comment résoudre leur problème.
Les équipementiers prennent alors l’initiative de proposer et développer des solutions en collaboration avec eux. Évidemment, il y a de nombreuses problématiques et limites liées à la collecte et à l’échange d’informations.
PL : Pour qu’une technologie soit tout à fait acceptée dans le métier, elle doit être portée par les clients. Très souvent, les technologies toutes faites ne marchent pas car chaque mine rencontre son propre lot de problèmes. La technologie mise au point par les équipementiers devrait être conçue de manière à être facilement adaptable aux circonstances propres à chaque mine.
Q quels seront les domaines les plus porteurs de la r et d de demain?
PL : L’exploitation minière numérique en temps réel, je pense. Les universités doivent produire des champions pour orienter la recherche dans cette direction. À l’ère des technologies de l’information et des médias sociaux, les jeunes ont tendance à détester les carrières physiques et laborieuses. Si l’exploitation minière veut attirer les talents appropriés, elle doit accepter l’exploitation numérique. Dans la mesure où celle-ci améliore la qualité des décisions prises au quotidien, on peut éviter les incidents et les accidents mortels, améliorer la rentabilité des mines et mieux exploiter les outils de production.
EU : En Afrique du Sud, certains gisements d’or et de platine sont profondément enfouis et donc difficiles à exploiter. Les méthodes traditionnelles ne sont pas viables en raison des conditions environnementales et géotechniques extrêmes. Celles-ci exigent des méthodes à distance. Étant donné que je suis un fervent partisan de l’extraction télécommandée à la manière de l’endoscopie depuis 1999, je pense que c’est un domaine décisif de développement. D’autres secteurs développent également des robots et des véhicules autonomes, il existe déjà des applications qui ont fait leurs preuves dans l’industrie manufacturière. Le transfert de technologies est donc également une mission déterminante pour l’industrie minière en général.